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 Terrains de luttes

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bugsy
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Nombre de messages : 370
Date d'inscription : 16/04/2015

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MessageSujet: Terrains de luttes   Terrains de luttes EmptyMer 3 Fév - 14:20

Terrains de luttes est un site Internet qui propose un espace d’échanges où l’on prend le temps de l’examen concret et du recul historique pour donner à voir la situation des classes populaires et comprendre les stratégies des classes dominantes. Il a vocation à incarner, pour mieux y résister, les transformations et les effets du capitalisme à travers des visages et des figures, des adresses et des lieux, des institutions et des organisations, des pratiques et des évènements. Il vise à construire des ponts et des échanges entre travailleuses/eurs, militant-e-s et chercheuses/eurs engagé-e-s afin d’alimenter et de solidariser nos Terrains de luttes.  

Pour ce faire, nous publions des entretiens réalisés par des militant-e-s, des chercheuses/eurs ou des journalistes ; des récits et des analyses d’évènements (grèves, manifestations, etc.) et d’activités (actions de lobbyistes, répression patronale, etc.), des reportages vidéos, des « bonnes feuilles » d’ouvrages ou encore des chroniques. Nous proposons également des passerelles avec les luttes et les connaissances produites par des collectifs de syndicalistes et de chercheurs dans d’autres pays ou par des associations anti-lobbys en Europe.  

Terrains de luttes est animé par des syndicalistes (CGT, Solidaires, FSU), des militant-e-s associatives/ifs ou politiques (Front de Gauche, NPA, Alternative Libertaire) et des chercheuses/eurs en sciences sociales. Nous travaillons de manière privilégiée avec des éditeurs indépendants (Agone, Le Croquant, La Dispute, Libertalia, etc.).

C'est par ici : http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/
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bugsy
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MessageSujet: Re: Terrains de luttes   Terrains de luttes EmptyMer 3 Fév - 14:24

Terrains de luttes Le_bou10

Le nouveau livre de Julian Mischi, Le bourg et l’atelier (Editions Agone), propose une « sociologie du combat syndical ». Après avoir scruté l’évolution du PCF, le sociologue, spécialiste des classes populaires, s’est penché cette fois sur l’engagement à la CGT. Il revient ici sur les enjeux de son ouvrage qui décrit un monde cheminot combatif malgré la force de logiques anti-syndicales.

Pourrais-tu revenir sur l’enquête à l’origine de cet ouvrage ?

Il s’agit d’un travail de terrain réalisé durant cinq années au sein d’un bourg de 3000 habitants situé dans une zone rurale du Centre-Est de la France. Comme beaucoup de petites villes des campagnes, cette localité est très ouvrière et je me suis surtout intéressé aux salariés d’un atelier de maintenance de la SNCF. Contrairement à d’autres secteurs industriels, les cheminots de cette région ont maintenu des réseaux associatifs et syndicaux, qui constituent des contre-pouvoirs ouvriers face aux élites locales et aux nouveaux managers de la SNCF. Le syndicat CGT est alors majoritaire dans l’établissement qui compte 260 salariés. J’ai suivi le quotidien des militants, à la fois des jeunes qui entrent au syndicat et des « anciens » qui cumulent des responsabilités et deviennent permanents. J’ai assisté aux réunions syndicales et réalisé de nombreux entretiens avec les cheminots, y compris des cadres de l’atelier. Les militants du syndicat sont engagés à gauche et investis dans la vie locale. Un tel angle d’approche permet d’aller au-delà des regards misérabilistes qui dépeignent les ouvriers des zones rurales comme des individus repliés sur eux-mêmes et forcément électeurs du Front National.

A cet égard, il faut savoir que les syndicalistes cheminots appartiennent aux fractions hautes des classes populaires : membres d’une entreprise nationale de service public, ils bénéficient d’une continuité dans leur emploi et d’une stabilité professionnelle au contraire d’autres figures populaires locales plus fragiles (métallos, salariés des abattoirs, ouvriers du bois) notamment des femmes (aides à précaires, employées des grandes surfaces, etc.). Mais les travailleurs de l’atelier SNCF ne sont pas coupés des fractions plus fragiles des classes populaires. Leurs conjointes tout comme leurs enfants connaissent souvent des difficultés d’accès à un emploi stable et beaucoup de cheminots sont passés par d’autres entreprises où ils ont connu des statuts précaires et des conditions de travail éprouvantes. Dans « le privé », ils n’ont en général pas rencontré de syndicats mais leur expérience du travail subalterne a progressivement nourri un sentiment d’injustice sociale et de défiance à l’égard de l’autorité patronale, qui peut trouver un débouché syndical lorsqu’ils entrent à la SNCF, là où il existe encore des syndicats. C’est lorsque les cheminots connaissent une certaine stabilité au sein de la SNCF que la question de l’adhésion à un syndicat peut réellement se poser.

Quelles recompositions militantes observes-tu sur le terrain ?

Par le passé, l’adhésion syndicale s’inscrivait souvent dans une logique perçue comme naturelle, issue d’un héritage familial, et elle se concrétisait au moment de l’embauche. La situation que j’ai observée est différente car de nombreux syndicalistes n’ont pas d’antécédents familiaux dans le monde militant. Ils sont plusieurs, surtout dans les nouvelles générations et y compris chez les enfants de cheminots, à ne pas faire état d’un lien automatique entre leur adhésion à la CGT et leur éducation familiale. Beaucoup ne sont pas issus de familles militantes, adhèrent tardivement, bien après leur entrée dans l’établissement. En outre, ils ne font pas le récit de leur syndicalisation sur le mode de l’évidence, comme allant de soi et s’inscrivant dans une continuité familiale.

Plusieurs cheminots ont ainsi rejoint la CGT alors qu’ils s’approchent de la trentaine, après plusieurs années de service à la SNCF. Nicolas, le secrétaire du syndicat, milite depuis ses trente-deux ans et il n’est pas issu d’une famille militante. Pour les nouveaux militants, à l’image de Nicolas qui rejoint le syndicat lors d’un conflit avec la hiérarchie concernant son déroulement de carrière, l’adhésion se fait surtout dans le cadre du travail et d’une lutte contre l’arbitraire patronal. Les nouveaux syndiqués mentionnent moins que les générations précédentes l’importance d’une transmission familiale dans leur cheminement vers le syndicat. Ils mettent surtout en avant les inégalités de traitement des agents dans le cadre du nouveau management qui donne un pouvoir accru à la hiérarchie et individualise de plus en plus les rémunérations à travers la multiplications des systèmes de primes. Certains cheminots se décident à adhérer lorsqu’ils bénéficient d’une aide de la part du syndicat face à la dévalorisation et au mépris qu’ils subissent au travail. Une aide juridique par exemple. L’engagement syndical apparaît comme un espace de défense et de recomposition de la dignité professionnelle, mise à mal par la politique de management appliquée à la SNCF comme dans les autres entreprises publiques.

Pourtant des secteurs industriels ont perdu toute présence syndicale combattive. Comment expliques-tu le maintien d’un tissu syndical dans l’établissement que tu as étudié ?

Je pense que le maintien d’une sociabilité populaire joue beaucoup dans la transmission des valeurs syndicales au sein du monde cheminot. Résultat d’une politique d’attachement du personnel, certaines parentèles cheminotes du site enquêté s’étendent désormais sur trois, voire quatre générations. Cet héritage ouvrier tout comme l’appartenance à une grande entreprise nationale à statut comme la SNCF lèvent certains freins à l’engagement syndical. Dans la même région, les obstacles à la syndicalisation sont beaucoup plus forts dans les entreprises privées et dans l’artisanat. En outre, la configuration de l’atelier favorise la constitution d’un entre-soi ouvrier, du fait du faible renouvellement de la main d’œuvre et de l’emboîtement entre l’espace local et la scène professionnelle. Une gestion relativement autonome de l’établissement a favorisé jusqu’à une date récente des recrutements essentiellement locaux et la constitution d’un corps de cadres d’origine populaire qui réalisent l’essentiel de leur carrière sur le site. Mais ce type d’atelier n’échappe pas aux réorganisations managériales qui touchent la SNCF : développement de la sous-traitance, application de méthodes de management importées du privé, embauche de salariés hors statut.

Avec cette orientation néolibérale, la valorisation de la mobilité des cadres supérieurs s’oppose à leur insertion locale et l’encadrement patronal est de moins en moins constitué de cadres « maison ». Alors que dans le passé certains cadres issus de la promotion interne et du monde ouvrier pouvaient militer à la CGT, ces cas de figure deviennent rarissimes. On est passé de cadres techniciens qui vivaient sur place à des cadres managers qui ne sont que de passage dans l’établissement et préfèrent vivre en ville. Désormais rarement d’origine populaire, les nouveaux responsables viennent de plus en plus de l’extérieur, parfois même du privé, pour des missions de courte durée, et ne s’installent pas sur place.

La forte mobilité des cadres à l’échelle nationale contraste avec l’ancrage local des ouvriers, y compris dans les nouvelles générations. Les adhésions au syndicat CGT sont surtout le fait de cheminots issus de familles locales et occupant des positions subalternes dans l’établissement. Si Nicolas, le secrétaire du syndicat, n’est pas issu d’une famille militante, il appartient en revanche à une lignée familiale bien ancrée dans le monde cheminot. Son père et l’un de ses oncles ont aussi travaillé dans l’atelier, deux cousins y sont toujours en poste, et d’autres membres de sa famille sont cheminots dans la région.
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